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curfew covid

Caroline Leblanc : Itinérance et couvre-feu

Dans le dernier numéro de Revue Intervention, Caroline Leblanc, boursière 2019, décrit les défis auxquels sont confrontés les personnes en situation d’itinérance sur le plan personnel, social et économique pendant la pandémie. Son article aborde la question de la pénurie de logement et de refuges et décrit la réalité de l’itinérance en cette période critique.

 

Dans un article dans La Presse, Caroline écrit que les personnes en situation d’itinérance ont été oubliées dans le processus de prise de décision qui a mené au couvre-feu au Québec. En prenant en compte la crainte d’infection et les complexités des règles et règlements des refuges, Caroline conclut que l’imposition d’amendes sur la population itinérante pour avoir enfreint le couvre-feu rend les choses plus difficiles pour les personnes marginalisées, et risque de les ancrer davantage dans l’itinérance.

In a recent La Presse Op-Ed, Caroline writes that the homeless have been forgotten in the decision-making process that led to the COVID-19 curfew in Quebec. Taking into account the fear of infection and the intricacies of shelter rules and regulations, Caroline concludes that enforcing fines on the homeless for breaking curfew makes things more difficult for marginalized people, trapping them in life on the street.

Caroline's perseverance is behind her pursuit of doctoral research in order to deepen our understanding of homelessness and to innovate towards actions that will leave no one behind. Having experienced homelessness herself, she cares about human dignity and social justice.
Black History Month 2021

Le Mois de l'histoire des Noir.e.s 2021

Alors que nous célébrons le Mois de l'histoire des Noires, la Fondation Pierre Elliott Trudeau souligne les recherches des boursiers, fellows et des mentors qui explorent et reconnaissent les expériences diverses des Canadiens noires

Balados Espaces de courage

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Une nouvelle série de balados qui explore le concept de leadership engagé à travers les expériences des boursiers, fellows et mentors de la Fondation Pierre Elliott Trudeau.
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Une nouvelle série de balados qui explore le concept de leadership engagé à travers les expériences des boursier.e.s, fellows et mentor.e.s de la Fondation Pierre Elliott Trudeau.

 

Les espaces de courage de la Fondation sont conçus pour favoriser le dialogue au-delà des différences et permettre un débat ouvert tout en respectant l’inclusion et la diversité.

 

Cette série de conversations permet d’étendre le concept d’espaces de courage non seulement à la communauté de la Fondation, mais également au grand public.

 

Dans ces balados, les boursier.e.s, fellows et mentor.e.s de la Fondation Pierre Elliott Trudeau abordent leurs expériences uniques tout en façonnant de nouvelles compréhensions avec leur pairs. Grâce au dialogue et à la collaboration, les membres de la communauté partagent diverses formes de connaissances et d’expériences vécues. Les discussions encouragent les invité.e.s et les auditeur.rice.s à se dépasser pour augmenter leur créativité, leur ouverture d’esprit et leur compréhension collective.

 

valerie pringle manon barbeau 2

 

Au cours de la première saison, les épisodes en français seront animés par Manon Barbeau (mentore 2017) et ceux en anglais par Valerie Pringle (mentore 2017).

 

Nous vous invitons à vous inscrire et à partager la série de balados Espaces de courage.

 

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Audace et résilience : Se préparer à faire des compromis difficiles

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Audace et résilience : Se préparer à faire des compromis difficiles
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Dans cet épisode, Manon Barbeau s'entretient avec Caroline Leblanc (boursière 2019) et Nathalie Des Rosiers (mentore 2020) et explore leurs façons d’approcher les conversations qui nécessitent des compromis.

 


TRANSCRIPTION DE L'ÉPISODE

 

Manon Barbeau : Bonjour ici Manon Barbeau, mentore 2017 de la Fondation Trudeau. Je vous remercie de nous rejoindre à notre balado, Espaces de courage, balado qui nous pousse à réfléchir aux situations et aux défis auxquels nous sommes confronté.e.s tous les jours et à sortir de notre zone de confort. J'ai hâte d'entendre nos invités, des membres de la communauté de la Fondation Trudeau qui ont des expériences riches et diverses, et j'espère que vous avez aussi hâte que moi. Bienvenue dans la pluralité des perspectives. Bienvenue à notre espace de courage.  

Bonjour, chers auditeurs, je suis contente de vous accueillir à ce premier balado de la Fondation Trudeau. Je suis Manon Barbeau, cinéaste, cofondatrice du Wapikoni mobile et fondatrice de Musique nomade, des studios ambulants qui vont dans les communautés des Premières Nations pour leur donner la parole. J'ai aussi l'honneur d'être mentore de la Fondation Trudeau, un organisme de bienfaisance indépendant qui soutient le développement de leaders engagé.e.s motivé.e.s à transformer leurs idées en actions pour le mieux-être des communautés du Canada et du monde. Le premier tome de ce balado aujourd'hui – le titre général, c'est Espaces de courage et vous allez constater aujourd'hui que c'en est vraiment un – est Audace et résilience. Et la question du jour, que je trouve amusante : quel est l'échec dont vous êtes le plus fier.e? Et pour y répondre, deux femmes d'envergures, membres de la Fondation, aux parcours impressionnants. Nathalie Des Rosiers, une mentore 2020 et Caroline Leblanc. Bonjour à vous!  

 

Nathalie Des Rosiers : Bonjour  

Caroline Leblanc : Bonjour.  

 

Manon Barbeau : Nathalie Des Rosiers. Vous avez un parcours impressionnant. Vous êtes directrice principale du Collège Massey. Vous avez été, entre autres, députée provinciale d'Ottawa-Vanier, également l'avocate principal de l'Association canadienne des libertés civiles. Et vous travaillez depuis plusieurs années en droit constitutionnel et en droit des femmes. Caroline, que je connais depuis un bon moment. Caroline Leblanc, étudiante au doctorat en santé communautaire à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke. Caroline travaille à développer des interventions qui aident la population itinérante à trouver des ressources et à réduire les risques pour leur santé. Nathalie, Caroline, merci beaucoup, beaucoup d'être avec nous et à vous de répondre à la question sur cette partie peut-être plus difficile avant ce parcours brillant. Quel est l'échec dont vous êtes le plus fières? À quoi ressemblait cette partie de votre vie qui était un peu plus difficile? Nathalie, est-ce que vous voulez commencer ?  

 

Nathalie Des Rosiers : D'accord, et évidemment le choix a été difficile parce que dans une longue vie, et moi, je suis plus âgée que Caroline, on en a beaucoup d'échecs. Alors lequel dont on est le plus fière? Celui dont je vais parler, c'est celui qui a eu l'influence la plus marquante dans ma vie pendant les 15 ans que j'ai passé dans une institution qui m'avait rejetée et qui, pendant 15 ans, m'a un peu minée, qui m'avait identifiée un peu comme étant quelqu'un qui n'avait pas de succès, qui n'était pas apte au succès. Alors quand j'ai terminé mes études supérieures aux États-Unis, je suis tombée en amour avec quelqu'un qui vivait à London, Ontario. Alors moi, je suis francophone, je parlais un peu anglais, mais pas de façon phénoménale et j'étais en amour. Alors, j'ai décidé de faire application pour être professeure à l'Université Western en Ontario et ils m'ont rejetée. Au début, j'ai échoué et j'ai dû aller en pratique privée à London pour rester avec mon partenaire. Éventuellement, je suis retournée à Western, ils sont venus me recruter, mais pendant à peu près 15 ans, j'étais vraiment dans un milieu qui ne me donnait pas beaucoup de chances. J'ai eu des problèmes pour avoir accès à la permanence, je n’ai jamais été promue à aucun poste que ce soit. Par la suite je suis devenue doyenne deux fois, présidente de ci et de ça. Mais à London, à ce moment-là, c'était un milieu qui ne me voyait pas comme leader, qui ne me voyait pas comme ayant un potentiel d'accomplissement. Alors, ç’a été un échec douloureux. Mais on va parler plus tard de toutes les stratégies qu'on peut développer pour pouvoir survivre, même si on va être là pendant longtemps. Moi j'ai été là pendant 15 ans. Alors j'ai dû trouver toutes sortes de stratégies pour m'aider à accepter ce poste-là et cette vie-là.  

 

Manon Barbeau : Nathalie, est-ce que tu peux identifier un moment culminant de cet échec-là? En fait, un événement marquant qui a suscité chez toi une émotion assez forte pour servir de déclencheur?  

 

Nathalie Des Rosiers : Éventuellement, quand j'enseignais des cours à temps partiel, ils m'ont dit: « Finalement pourquoi tu ne viens pas à temps plein ? » Et quand je suis retournée les trouver, ils m'ont dit « Oui, ça nous prend une femme, une femme francophone. » Et puis, alors disons que ce n’était pas un engagement, que ce n'était pas un engagement qui vraiment soulevait la source de succès. J'avais vraiment l'impression que j'étais la francophone de service, la femme de service, un peu le token, ce qu'on appelle un exemple parfait du tokenism. Alors j'ai dû décider, est-ce que je prends ce poste-là dans un contexte où ils n'ont pas l'air de vouloir beaucoup – ils ne me donneront pas les soutiens appropriés pour mon succès – ou bien est-ce que je vais le prendre. Éventuellement, j'ai décidé de le prendre, en décidant que je ne voulais pas perdre ma voie et j'allais faire du mieux que je pouvais et leur démontrer que j'étais capable.  

 

Manon Barbeau : Caroline raconte ce pan de ta vie qui n'était pas nécessairement voué au succès en partant.  

 

Caroline Leblanc : En fait, mon plus grand échec, c'est d'avoir cru aux systèmes qui m'ont vu comme une personne mésadaptée socialement. Toute ma vie, en fait, j'ai vécu des échecs en lien avec ça parce que les gens ne me perçoivent pas du tout comme une personne – un peu comme Nathalie disait – avec un potentiel d'accomplissement. Donc, on peut voir qu'il y a certaines histoires qui peuvent se rejoindre malgré les différences. Donc quand tu es jeune, tu es adolescente, quand la violence institutionnelle te fait subir des choses et te fait croire une vision de toi que tu n'es pas... en fait, ils sont les seuls repères que tu peux avoir à un certain moment, quand tu forges ton identité, donc j'ai cru ce qu'ils pensaient de moi, en fait. Et pour moi, ça a été un des plus grands échecs qui, aujourd'hui, est ma plus grande fierté. Je vous expliquerai un peu pourquoi plus tard.  

 

Manon Barbeau : Est ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur le contexte où tu te sentais défavorisée? Quel était ton contexte quotidien et quelle était l'image qu'on te renvoyait de toi à ce moment-là?  

 

Caroline Leblanc : Pour commencer, le milieu académique, quand on est plus jeune, ne reflète pas les valeurs, les normes sociales qui forgent l'image d'une société, tu es souvent portée à être stigmatisée, mise à l'écart et avoir des jugements à ton égard. Et puis c'était le cas en lien avec les professeurs qui me mettaient souvent dehors de l'école. Parce ce qu’ils se fiaient beaucoup aux apparences. Donc j'ai eu un parcours assez houleux à travers les différents systèmes, dont le Centre jeunesse aussi.  

 

Manon Barbeau : Et dis-moi, Caroline, est ce qu’il y a un moment déclencheur, un moment ou tu as dit : « j'en ai assez de cette vie-là », qui a déclenché une émotion forte, qui a été une propulsion vers autre chose?  

 

Caroline Leblanc : Ce que je peux dire, c'est qu'à partir du moment où j'ai réussi à penser que je pouvais exister, qu'on a le droit d'exister et de contribuer de notre façon à ce monde souvent injuste, à partir de ce moment-là, j'ai pu justement mettre de l'avant ma voix et revendiquer, justement, contre les inégalités sociales. Mais aussi, ce processus-là s'est pas fait seul, ne s'est pas fait en donnant un coup de baguette pis la vie était belle. Ce processus-là s'est fait à travers les yeux des autres, en fait. Parce que quand tu vis la violence institutionnelle, toute ta vie, t'es oppressée, tu finis par ne pas avoir confiance en toi. Il y a certaines personnes qui ont cru en moi, qui m'ont vue et qui ont vu mon potentiel et qui croyaient en moi plus que moi je le croyais. Ils m'ont donné des opportunités, ils m'ont ouvert des portes, ils m'ont donné des espaces aussi où que je pouvais m'exprimer et avoir un dialogue aussi avec les gens qui m'ont oppressée. Et ça m'a permis aussi, quand même, d'aller plus loin dans mon processus et de me dire: « J'ai ma place dans cette société, c'est possible de m'exprimer ». Puis c'est là que je suis allée à l'université, un institut aussi qui m'avait quand même mise de côté. Donc c'était très confrontant pour moi de me dire qu'il fallait que je retourne aux études pour justement avoir enfin une voix, que je n'étais pas juste la fille de la rue. Je pouvais moi aussi avoir ma place, avoir accès au savoir, auquel tout le monde devrait avoir accès, d'ailleurs, mais c'est grâce à la flexibilité des institutions. Mais le plus gros processus que j'ai fait, c'est vraiment à travers les yeux des autres qui m'ont donné confiance, puis qui ont cru en moi plus que moi. Dont toi, Manon!   

 

Manon Barbeau : Oui, je pourrais t'en raconter pas mal. Dis-moi, est ce qu'il y a des compromis que tu étais prête à faire et à assumer, que tu trouvais correct d'assumer pour arriver où tu voulais aller? Où est ce qu'il y en a que tu n'étais pas du tout prête à faire? Parce que je sais que tu n'es pas une fille de compromis, donc c'est bien de te poser la question à toi en particulier. 

 

Caroline Leblanc : J'en fais encore, des compromis. Énormément. J'avance. En fait, ça fait maintenant 12 ans que je suis à l'université à temps plein. J'ai fait mon bac. Je ne savais même pas ce qu’était une maîtrise. Je ne savais même pas ce qu’était un doctorat. Pour moi, l'université n’était accessible que pour les riches. Sans jugement, mais c'était la vision que j'avais à l'époque, que ce n’était pas fait pour moi. Quand je suis rentrée à l'université, les agents de sécurité me couraient après parce que j'étais toujours en retard, que j'étais habillée encore comme quelqu'un qui pourrait vivre dans la rue. J'ai dû faire des compromis, aller à l'encontre de mes valeurs, me sentir aussi rejetée par les étudiants du milieu académique. Aussi, parce que c'est une marginale qui arrive en plein milieu, avec des idées éclatées qui est hors des normes, qui fait réagir. Je n’ai jamais eu peur de ce que j'avais à dire non plus, dans aucun contexte. Et je n'avais pas nécessairement les mots pour le dire, bref, pour en arriver à dire que, finalement, je fais encore des compromis. Mais j'ai l'habileté maintenant de m'outiller et de m'entourer de gens qui vont me driver, qui vont me soutenir... Parce que j'ai choisi, en fait, d'utiliser la recherche comme un levier de changement. Et je maintiens cette idée-là et mes compromis vont aller jusqu'au bout. Je sais que je suis dans un monde de performance. Je suis dans un monde où l'exigence est sans limite, mais je sais qu'il y a des gens comme par exemple la Fondation Pierre Elliott Trudeau, qui a su me donner une bourse prestigieuse pour que je réussisse à passer mon parcours académique. Mais que je puisse aussi l'utiliser comme un levier de changement et qui y croit. Donc, je sais que, à travers mon parcours, il y a des gens qui arrivent à me soutenir assez pour que je fasse les compromis nécessaires et arriver, justement, à défendre les droits des personnes qui vivent encore dans la rue. Pour moi, ça, c'est ma driv» et je vais toujours garder le cap là-dessus. Les compromis sont faits pour une raison, ils ne sont jamais faits pour rien.  

 

Manon Barbeau : Et dites-moi Nathalie, est-ce que vous avez dû faire des compromis? Est-ce que vous avez dû faire des compromis, ou est-ce que vous avez accepté de faire certains compromis pour arriver où vous vouliez aller?  

 

Nathalie Des Rosiers : Je vais commencer par dire que j'aime beaucoup écouter la façon dont Caroline décrit l'idée qu’il faut avoir un but à ces compromis. Il faut être capable de s'articuler pour soi-même : « Pourquoi on fait ça? » Et puis le voir dans une perspective de générosité – il faut être généreux à l'égard des autres, en se disant : « il y en a d'autres qui ont des besoins, il faut que je leur sois utile ». Se voir dans un contexte plus large, ça aide beaucoup, je pense, à accepter ce qu'il faut faire. Et ne pas se décourager par ce qu'on voit autour de soi, qu’il y a tant de choses à faire, tant d'injustices à réparer et tant d'autres voix à être entendues. En terme de compromis, j'ai souvent agi comme étant la personne token, j'étais souvent la femme de service, j'étais souvent la seule femme dans des groupes où on me donnait la fonction de secrétaire du comité. J'ai souvent été la francophone de service, encore plus. Alors, je pense que j'avais décidé que d'être la francophone de service, ou la femme de service, j'allais quand même accepter ça parce qu’au moins j'étais à la table. Et j'essayais d'être utile aux groupes, mais de m'exprimer, d'essayer d'utiliser les occasions comme un tremplin pour leur faire comprendre que c'est important d'avoir des femmes, important de réfléchir, d'avoir la perspective des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes. Je pense que j'ai utilisé ça comme étant une place de pratique, [d’où on peut se] pratiquer à s'exprimer dans des contextes difficiles. L'autre chose, je dirais, il y a des fois où j'ai quitté des organismes si leur vision n'était pas la mienne, ou bien si on ne peut plus être intègre. Si ça ne correspond pas à nos valeurs, il faut partir, je pense. Mais je donnais toujours la chance. J'essayais toujours de transformer les organismes de l'intérieur avant de les abandonner, en leur disant : « Franchement, ça va me détruire si je reste là. » C'était un peu comme ça que je voyais ma vie.  

 

Manon Barbeau : Donc, il y a un moment où il y a peut-être un déclencheur, ou pas, mais tu as développé des stratégies pour arriver à réaliser tes rêves ou tes ambitions. Comment as-tu procédé, à partir de cette situation d'échec-là, pour te construire une vie qui te satisfaisait davantage?  

 

Nathalie Des Rosiers : Je pense qu'on abandonne un peu l'idée que la vie va satisfaire toutes nos ambitions. Et on est un peu dans un mode de gestion du quotidien. Et un des aspects des échecs, souvent, c'est qu’ils peuvent être intériorisés. On se voit comme les autres nous voient et on se voit comme – « parle moins bien anglais, n'écrit pas assez bien, n'écrit pas suffisamment beaucoup, est lente, enseigne de façon inadéquate ». Et pour survivre un peu à ces messages constants d'incompétence, mes stratégies à moi étaient qu’il faut commencer à aller un peu ailleurs. J'ai commencé à m'impliquer dans des milieux d'activisme social, j'ai été dans des groupes communautaires. Donc, on prend sa place, puis éventuellement, on sent qu'on fait quelque chose d'utile. Il ne manque pas d'injustices dans ce monde. Alors il y a toujours des places où on peut agir. Et d'agir, ça nous donne confiance en soi. Ça nous donne aussi un sentiment de plénitude, un sentiment d'accomplissement qui compense pour ce milieu hostile, ou on est de 9 à 5, cinq jours semaines. Alors ç’a été une stratégie, d'aller ailleurs. Éventuellement, quand j'ai pu lire [au sujet] des stratégies de résilience, il y a beaucoup de femmes qui ont eu le même réflexe et qui, éventuellement on été perçues comme étant des leaders. Pas parce qu'elles étaient dans leur milieu de travail, qui aurait dû les soutenir, mais plutôt dans un milieu communautaire ailleurs. Deuxième petite stratégie pour moi, c'est la célébration. Je pense que de reconnaître le succès des autres, ça nous aide à voir les succès qui peut-être ne sont pas reconnus officiellement. Alors ça m'a beaucoup aidée, moi. On était un groupe de féministes, et on a créé notre propre prix et puis on se l’octroyait chaque année. Et ça nous donnait un sentiment d'être capable de contrôler un peu notre environnement en déclarant ce que nous, on trouvait valable ou valorisant.  

 

Manon Barbeau : Et toi, Caroline, si tu avais à privilégier deux stratégies à communiquer à tes pairs ou [des stratégies] universelles, en fait, qui t'aident à te sortir d'une situation pour accéder ailleurs, sans te décourager ?  

 

Caroline Leblanc : J'en ai quatre. Est-ce que je peux les dire?  

 

Manon Barbeau : Vas-y, c'est encore mieux. 

 

Caroline Leblanc : Bien, croire en toi, et si ce n’est pas possible, le faire à travers les yeux des autres, et t'accrocher à ceux qui t'amènent du positif et qui t'amènent là. Se souvenir d’où tu es, justement pour t'accrocher et réussir à faire les compromis nécessaires pour arriver à atteindre ton but. Toujours maintenir un esprit de co-construction, avoir en place des critiques, mais aussi des pistes de solutions. Parce ce que sans pistes de solutions, notre société va rester la même. Reconnaître les balises, les limites de tes adversaires, ceux qui ne pensent pas nécessairement comme toi. Apprendre à approfondir un peu leur réflexion, comprendre leur impuissance aussi face à certaines problématiques pour justement un peu comprendre leur courant de pensée, puis amener des arguments qui peuvent nous rendre alliés. Ça c'est une des plus belles forces qu'une société peut avoir, d'après moi. Et je souhaite continuer à la mettre en place du mieux que je peux. Ce n’est pas toujours évident, mais pour moi, c'est important d'entendre aussi les autres, et puis de construire ensemble une société plus juste.  

 

Nathalie Des Rosiers : J'allais ajouter, souvent c'est important de savoir: « Qu'est ce qui fait peur? » quand on a des gens qui s’opposent à nous. De quoi ont-ils peur? De quoi ont-elles peur? Et ça nous aide peut-être, comme Caroline nous dit, à approfondir leurs motivations profondes et des fois, ça nous aide nous aussi à approfondir nos stratégies, nos réflexions, de savoir ce qui fait peur aux autres.  

 

Manon Barbeau : Je vous laisse donc vous consulter pour essayer de tirer ensemble peut être une recommandation commune. Comment allier vos recommandations pour une recommandation forte et universelle qui pourrait s'adresser à tout le monde?  

 

Caroline Leblanc : Moi, je trouve qu'il y avait un point de convergence entre nos deux histoires. C'est beaucoup le potentiel d'accomplissement qui n’a pas été valorisé. Ça vaudrait la peine de mettre en lumière un peu cette convergence-là entre les deux discours, qui sont totalement différents, mais en même temps, on l'a vécu toutes les deux. Et je trouve qu'on pourrait trouver justement une piste à mettre en lumière. Parce que, à la source de nos deux histoires, les gens n’ont pas cru à notre potentiel d'accomplissement. Et regarde aujourd'hui, on est des femmes accomplies, émancipées et fortes aussi. Je ne vous connais pas beaucoup, mais [d’après] l'histoire que j'ai entendue, je pense que ça serait le fun de trouver quelque chose qui est conducteur à ça.  

 

Nathalie Des Rosiers : Si on se pousse assez, on atteint toujours un peu cet endroit où on est la personne externe qui n'est pas valorisée. On n'est pas acceptée et on est vue comme n'ayant pas de potentiel. On est jugée sans potentiel. Et puis, il faut un peu se démerder dans cette affaire là pour essayer de reprendre sa place et ne pas intérioriser cette perception négative. Qu'elle ne devienne pas la façon dont on se voit soi-même. 

 

Caroline Leblanc : Oui.  

 

Nathalie Des Rosiers : C'est ce qu'il y a de plus difficile.  

 

Caroline Leblanc : Mais je pense qu'on l'a trouvé, là. Je trouve que, justement, tout le monde à un moment donné peut vivre ce sentiment-là, de ne pas valoriser son potentiel d'accomplissement à pleine allure. En fait, c'est que la perception des autres, il ne faut pas l'intérioriser, parce que sinon, ça vient modifier celle qu'on a de nous. Et puis toujours se rappeler d’où on vient et qui on est, justement, et puis foncer pour respecter nos propres valeurs.  

 

Nathalie Des Rosiers : Et faire progresser les choses. Parce que les grandes stratégies d'oppression, c'est toujours de convaincre les gens qui sont en bas qu'ils doivent rester en bas. Et donc l'intériorisation c'est une stratégie d'oppression. Donc il faut apprendre à la voire, à la nommer ...  

 

Caroline Leblanc : Mais aussi la dénoncer parce que ceux qui restent en bas n’ont pas d'affaire à rester en bas. Ceux qui restent en haut, ils doivent partager leur pouvoir.  

 

Nathalie Des Rosiers : Et donc si, comme individu, tu es capable de nommer, de dénoncer et de ne pas te faire définir par cette stratégie de négativité et d'oppression, déjà, c'est une façon de résister.  

 

Caroline Leblanc : C’est très bien dit, Nathalie, en fait je ne pourrais pas dire mieux.  

 

Manon Barbeau : C'était vaste et riche, je ne prendrai pas le risque de vous résumer. En tous cas, merci beaucoup. Et moi, je vous célèbre. Je trouve que vous êtes deux femmes qui ont été étiquetées. Nathalie comme femme et francophone dans un milieu universitaire qui était essentiellement masculin et anglophone. Caroline, toi, comme soi-disant mésadaptée par rapport à je ne sais pas quoi. Parce que, où est la norme? Vous avez dû lutter toutes les deux contre les étiquettes, contre l'exclusion liée à cette étiquette-là. Vous avez développé vos propres stratégies pour réaliser vos ambitions et vos rêves. Vous avez chacune un parcours admirable. Je le sens et je le pense vraiment. Vous êtes vraiment des modèles d'audace et de résilience. Bravo! Vous avez vraiment toute mon admiration sincère. Et je remercie les auditeurs d'avoir été là et d'avoir eu la chance d'entendre ces deux femmes admirables. C'est un premier balado et je vous donne rendez-vous le mois prochain pour le balado suivant. Merci.  

 

Manon Barbeau : Ceci conclut cet épisode d'Espaces de courage. J'espère que vous avez été touchés par les histoires entendues, les réflexions et les conversations de nos invitées. N'attendez pas le prochain épisode pour trouver des occasions de vous inspirer des membres de la Fondation Trudeau. Suivez-nous sur Facebook, LinkedIn et Twitter pour connaître les dernières nouvelles des membres de notre communauté. Et bien sûr, abonnez-vous à notre balado. J'espère que cet épisode vous a inspiré du courage. À la prochaine! 

 

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Audace et résilience : Se préparer à des situations en dehors de notre zone de confort

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Learning from Failure and
Preparing to Step Outside Your Comfort Zone Audace et résilience : Se préparer à des situations en dehors de notre zone de confort
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Dans cet épisode, Valerie Pringle discute avec Veronica Overlid (boursière 2020), Laxmi Parthasarathy (mentore 2019) et William Schultz (boursier 2018) des stratégies pour se préparer aux situations en dehors de notre zone de confort.

 

 


TRANSCRIPTION DE L'ÉPISODE

 

Valerie Pringle : 

Bonjour, ici Valerie Pringle, mentore de la Fondation Pierre Elliott Trudeau. Merci de vous joindre à nous aujourd’hui dans cet espace de courage. Je vous invite à réfléchir, avec nos invité.e.s, aux réponses aux questions et aux situations qui nous poussent à affronter nos propres limites, à sortir de notre zone de confort. J’ai très hâte d’entendre les points de vues de nos invité.e.s, et j’espère que vous avez hâte aussi. Bienvenue à la pluralité des perspectives, bienvenue à notre balado Espaces de courage. 

Dans la vie, nous faisons souvent face à des situations qui nous obligent à sortir de notre zone de confort, que ce soit parce que nous voyageons dans un endroit très différent du nôtre ou parce que nous parlons à une personne avec qui nous sommes en profond désaccord. Se retrouver dans des situations déconcertantes est non seulement inévitable, mais important. Mais comment peut-on se préparer à de telles situations? Dans cet épisode d’Espaces de courage, nous allons discuter de ces questions avec trois membres de la communauté de la Fondation Pierre Elliott Trudeau. 

Avec nous : Veronica Øverlid, boursière 2020 et candidate au doctorat au département de droit et d’études juridiques de l’Université Carleton. Laxmi Parthasarathy, mentore 2019 et directrice de l’exploitation de Global Press. Et William Schultz, boursier 2018 et candidat au doctorat en sociologie à l’Université de l’Alberta, et un ancien agent correctionnel. Bienvenue tout le monde, merci d’être avec nous pour ce tout premier épisode d’Espaces de courage. 

Nous commençons aujourd’hui par le thème du mois : sortir de sa zone de confort. Dans les Espaces de courage, on demande aux invité.e.s de raconter ce qui, à première vue, peut ressembler à une leçon d’humilité ou à un échec, mais qui, avec du recul, s’avère en fait une occasion d’apprentissage. Veronica, voulez-vous commencer? Avez-vous une histoire à raconter? 

Veronica Øverlid : 

Oui. C’est un échec – une occasion d’apprentissage, devrais-je plutôt dire – que j’ai vécu quand je travaillais au Fonds des Nations Unies pour la population, en Égypte. En quelques mots, les défis étaient nombreux, évidemment. Mais par moments, je trouvais que les instructions et les exigences en matière de rapport qui nous étaient imposées n’étaient pas toujours compatibles avec le travail que nous faisions auprès des organismes communautaires, par exemple. 

Je me souviens d’une situation en particulier où j’ai poussé des partenaires à faire des changements qui ne leur convenaient pas du tout ou qui ne cadraient pas avec leur méthode de travail, parce que je voulais qu’on obéisse aux instructions des échelons supérieurs. On a réussi à mener le projet à terme, mais j’ai réalisé plus tard que ces partenaires n’avaient pas osé me dire à quel point ces changements les dérangeaient, pour ne pas risquer de mettre le projet en péril. 

Je ne comprenais pas tout à fait que, lorsqu’il y a un fossé entre les attentes à l’échelle mondiale et les attentes à l’échelle locale, on devrait d’abord et avant tout écouter les gens sur le terrain, et non les autres. Cette expérience d’apprentissage a été vraiment marquante pour moi. Elle m’a montré à porter un regard critique sur le genre de système que j’incarne, auquel je participe, le rôle que je joue et celui que je devrais jouer considérant que je suis Européenne et que ma compréhension de la réalité sur le terrain est forcément limitée. 

Alors, même si je savais à quel point il est important de rester humble et d’écouter les gens autour de soi, j’avais du mal à l’appliquer au début. C’était seulement un petit exemple. J’ai réalisé que les grandes organisations comme les Nations unies ont tendance à perpétuer les inégalités qu’elles prétendent pourtant combattre. Je pense que cette prise de conscience a beaucoup influencé mon travail de recherche. Je la porte en moi. Cette expérience de travail m’a donc fait grandir. 

Maintenant, quand je fais des recherches, j’essaie de comprendre les rouages du système en place. Quelles voix se perdent en cours de route, dans ce fossé entre le mondial et le local? J’essaie de comprendre comment ces difficultés influencent nos perceptions en matière de protection des réfugié.e.s, par exemple. 

Valerie Pringle : 

Laxmi, et vous? 

Laxmi Parthasarathy : 

Vous savez, bien honnêtement, je pense que ma carrière est une suite d’échecs. Mais il y a deux échecs qui ont été particulièrement enrichissants, et ils concernent surtout ma façon personnelle d’aborder les choses. J’ai toujours su où je m’en allais, me disant que tout irait bien, qu’en travaillant dur, je tracerais mon chemin en fonction des buts que je me fixerais moi-même. Puis, la réalité a frappé. Mon plan n’a pas fonctionné comme prévu. 

Je me souviens quand j’étudiais à l’Université Carleton, là où Veronica étudie en ce moment. Je m’étais rendue jusqu’aux dernières entrevues pour le stage au Globe and Mail. Je me souviens, je me disais : « Ça y est! Je vais faire ce stage cet été, ma voie est tracée. » Mais je n’ai pas décroché le stage. J’étais démolie. C’était comme si une bombe avait explosé en plein milieu du chemin que j’avais tracé, celui qui devait me conduire tout droit à la réussite professionnelle en journalisme. 

Mais en fin de compte, l’expérience a été riche d’enseignements. Premièrement, je pense que j’ai beaucoup appris sur le secteur du développement de l’industrie des médias. Cet été-là, j’ai finalement obtenu un stage à la Rwanda Initiative. C’était ma première expérience dans le développement des médias, et elle m’a ouvert plusieurs portes par la suite. Et vous savez, quand j’y repense, cette expérience m’a appris que je dois apprendre à tolérer l’incertitude, que ce n’est pas parce qu’un chemin n’a pas fonctionné que c’est la fin de la route, car des chemins, il peut y en avoir 500 autres. 

Je vous raconte cette expérience en particulier parce qu’elle a eu lieu assez tôt dans ma carrière, et qu’elle m’a beaucoup aidé à apprivoiser l’incertitude. Et je pense qu’en journalisme, c’est essentiel. Cette expérience a donc été très importante, très formatrice. La deuxième expérience dont j’aimerais vous faire part est assez semblable. Elle a eu lieu beaucoup plus tard, par contre. J’avais présenté ma candidature pour une bourse de recherche, mais je ne me suis pas rendue jusqu’à la fin. 

D’ailleurs, j’en ai déjà parlé à des membres de la communauté de la Fondation Pierre Elliott Trudeau. J’avais vraiment travaillé fort pour l’obtenir : remplir la demande, trouver des références, réunir les mille et un documents nécessaires. J’étais certaine que ma candidature était solide, que j’allais me rendre jusqu’à la ligne d’arrivée. Encore une fois, mon plan n’a pas fonctionné. J’étais profondément consternée. 

Et là, au même moment s’est présentée une occasion qui ne pouvait mieux tomber : l’emploi que j’occupe présentement à Global Press. Pour l’avoir vécu personnellement, on ne réussit pas toujours à atteindre le but ultime qu’on s’est fixé, mais il y a toujours 500 autres chemins possibles, 500 autres buts qu’on peut se fixer. 

Valerie Pringle : 

Et vous, Will? 

William Schultz : 

C’est toujours agréable d’entendre des histoires comme celles de Veronica et de Laxmi. Elles sont tellement intéressantes, j’en ai moi-même plusieurs comme celles-là. Mais la mienne, celle que je veux vous raconter aujourd’hui, est un peu différente. Elle est à-propos, je crois, mais d’une drôle de façon. Cette histoire remonte à longtemps. J’avais 21 ans. J’étais jeune quand j’ai commencé à travailler en prison. Du haut de mes 21 ans, j’étais agent correctionnel et j’essayais de comprendre comment bien faire mon travail dans un milieu très difficile. 

Quand on est agent correctionnel, on doit notamment, dans la mesure du possible, faire respecter les règles et les politiques de l’établissement et faire régner l’ordre dans la prison. C’est loin d’être évident et du point de vue du pouvoir, c’est une autre histoire. Cet été-là où j’étais un agent correctionnel de 21 ans, j’ai été confronté à l’une des têtes dirigeantes d’un gang de rue de la région. C’était un gars très influent, extrêmement charismatique. Il recrutait constamment, un prisonnier après l’autre. 

Lui et moi, on ne se lâchait pas. On ne se battait pas, mais je l’avais dans le collimateur et il m’avait dans le sien. Chaque fois que je l’attrapais en train de recruter, je l’enfermais dans sa cellule ou je le sanctionnais. Un jour, je l’ai pris en défaut – du moins, je croyais l’avoir pris en défaut. J’avais découvert beaucoup de graffitis à l’effigie de son gang de rue gravés sur les murs de sa cellule. Et le vandalisme, c’est une infraction. Cette fois, je le tenais enfin. J’ai rédigé une accusation d’infraction qui allait lui valoir une sanction d’une semaine. 

Je sentais que cette fois était la bonne. Étonnamment, mes supérieurs étaient assez contents aussi. Ils savaient que ce gars-là était un fauteur de troubles. Ils voulaient profiter de l’occasion pour lui donner une leçon. J’ai donc rédigé l’accusation, puis je l’ai déposée. Ensuite, je me suis mis à enquêter un peu, ce que j’aurais probablement dû faire avant, pour être honnête. C’est là que j’ai réalisé mon erreur, en fait. Je voulais tellement jouer les justiciers que je m’étais laissé emporter. Après quelques vérifications, j’ai compris que ce n’était pas lui le coupable. C’était plutôt son compagnon de cellule, relâché depuis un bon moment déjà. Bref, j’avais porté des accusations contre la mauvaise personne. J’étais contrarié parce que, d’abord, je croyais que je faisais la bonne chose, et ensuite, je m’apercevais que je m’étais trompé. Royalement. 

J’ai donc appelé mon supérieur et je lui ai dit qu’il y avait une erreur, qu’il fallait abandonner les accusations. C’est là que tout a dérapé, parce que l’établissement et ses dirigeants étaient ravis, eux. Maintenant qu’on le tient, on ne le laissera pas s’en tirer. On va jusqu’au bout. Tout à coup, on me sommait de poursuivre avec des accusations que je n’aimais pas, qui me contrariaient, que j’estimais injustes. Mon supérieur m’ordonnait d’aller de l’avant. 

Tout à coup, je me suis retrouvé au tribunal du pénitencier entouré d’avocats, de juges, d’arbitres, etc. J’avais le choix : inventer une histoire pour que mes accusations soient retenues ou être totalement honnête et avouer que je m’étais trompé, complètement trompé, et avoir l’air ridicule devant tout le monde. J’ai choisi la deuxième option. Mes supérieurs m’en voulaient. Ils m’ont demandé pourquoi, pourquoi j’avais tout foutu en l’air. Mes collègues me demandaient pourquoi j’avais agi comme cela. Je n’étais pas fier. 

J’étais déçu de moi, déçu d’avoir mal fait mon travail. C’était le comble. J’avais tout foutu en l’air. Je suis retourné à mon unité correctionnelle. Je n’étais pas fier de moi, mes collègues non plus. Et comme j’étais assis là, tout seul, il est arrivé. Celui avec qui je me prenais la tête depuis trois ou quatre mois, tout à coup, il était là. Il m’a dit : « Boss, faut que je te parle. » Il s’est assis, on a parlé. Puis, il m’a dit qu’il voulait enterrer la hache de guerre. 

Parce que maintenant, il savait qu’il pouvait me faire confiance. Juste comme ça, le vent venait de tourner. Pendant des mois, on avait pratiquement une prise de bec par jour. Et maintenant, plus rien. On pouvait même avoir de belles conversations. Il a aussi arrêté de causer des ennuis dans l’unité. Le calme était revenu. Tout le monde était plus en sécurité, y compris lui et moi. Ce que je ne réalisais pas à l’époque, c’est que oui, aux yeux de l’établissement, j’avais échoué. Mais en fait, j’avais défendu mon intégrité. Je m’étais battu pour ce que je croyais être juste. J’avais dit la vérité. L’établissement, mon employeur, n’était pas content, mais les prisonniers l’étaient, eux. 

Beaucoup m’en ont parlé. Ils disaient qu’ils pouvaient me faire confiance. Ça voulait dire beaucoup pour moi. Donc, cet échec, cet incident précis, ce n’était pas anodin. Les détenus avaient vu ce qui se passait. Là où j’avais échoué pour certains, j’avais réussi pour d’autres. J’avais gagné leur confiance. Même si dans une prison, la confiance n’existe pas. Avec du recul, je suis fier, maintenant. Parce que même si aux yeux de mon employeur et de mes collègues, j’avais échoué, au fond, je crois que j’ai réussi. J’ai gagné beaucoup plus que ce que j’aurais pu réaliser à l’époque. 

Valerie Pringle : 

Quelle belle histoire! Toutes vos histoires sont belles.  

Dans le cadre de nos balados, nous aimons créer un espace de réflexion qui soit utile pour tous et toutes, car nos invité.e.s ont beaucoup d’expériences à raconter et de savoir à partager. Nous avons donc un sujet de discussion à vous proposer : sortir de sa zone de confort, et trouver l’audace et la résilience qui sont, comme mentionné, des piliers du Leadership engagé. Comment peut-on se préparer à faire face à une situation qui nous sort de notre zone de confort, qui nous déroute ou qui nous met face à la différence? Auriez-vous des idées à proposer aux auditeur.rice.s? Veronica, voudriez-vous briser la glace? 

Veronica Øverlid : 

Personnellement, mon approche, quoique je ne suis pas certaine que ce soit un bon conseil à donner… Ce n’en est pas un en fait. Bref, ce que je fais… 

Valerie Pringle : 

Ne dites jamais cela, Veronica. Il est certainement bon. 

Veronica Øverlid : 

D’accord. En fait, je ferme les yeux et je saute, parce qu’il y a une tonne de choses qui me font peur. Je crois que le problème est là : j’ai peur de l’échec. Peut-être parce que je suis profondément marquée par l’échec, par tout ce que je fais. Quand je parlais de mes échecs tout à l’heure, je sonnais comme si j’avais fait la paix avec tout ça. Mais non, des années plus tard, ça me fait encore mal. Et je ne veux pas répéter les mêmes erreurs. 

Bref, je ferme les yeux, voilà tout. Je ferme les yeux et je saute, parce qu’une fois que je suis lancée, que je tombe dans le vide, je ne peux plus revenir en arrière. Souvent, je me dis : « Zut, mais dans quoi est-ce que je me suis embarquée cette fois? » Mais je me retrousse les manches et je passe en mode solution. C’est inévitable. Je crois que c’est vraiment l’un des meilleurs conseils que je puisse donner. J’essaie, tout simplement. C’est mon objectif pour 2021, d’ailleurs, parce que je suis réticente à faire plein de choses. Si je pouvais simplement me dire : « Vas-y. Fais-le. Fais-le, c’est tout. Tu as le droit d’échouer, tout ira bien… » 

Valerie Pringle : 

Certaines personnes diront : « Quel est le pire qui puisse arriver? » Mais vous, Will, vous dites que vous aimez un peu l’inconfort? Vous trouvez que c’est une bonne sensation par défaut? 

William Schultz : 

Oui, c’est ça, Valerie. J’ai passé tellement, mais tellement de temps dans des zones d’inconfort. J’ai travaillé dans un pénitencier, passé des entrevues en pénitencier, discuté de réforme carcérale. Ces sujets-là ne sont pas faciles, bien au contraire. Et je suis d’accord avec une grande partie de ce que tu viens de dire, Veronica. Je l’ai formulé un peu différemment, mais dis-moi si ce que je dis te rejoint. 

Je pense qu’il faut surtout préparer son état d’esprit. Si votre stratégie, c’est de sauter, alors allez-y, sautez! Dans mon cas, je préfère me convaincre que c’est correct de ne pas être à l’aise. Il ne s’agit même pas de me convaincre, en fait. Je dois simplement apprendre à gérer l’inconfort. À le redéfinir, sachant que l’inconfort nous fait grandir et que grandir, c’est bien, car si on ne grandit pas, on n’avance pas. Il faut aussi faire preuve d’humilité, particulièrement lorsqu’on parle à des personnes qui nous attaquent ou qui ne sont pas à l’aise avec ce qu’on dit ou ce qu’on représente. 

Parfois, la meilleure chose à faire, c’est rester humble et être bien dans sa peau. Ne pas chercher la confrontation, mais rester humble, sincère et soi-même. Le troisième point que j’aimerais soulever, et que je trouve vraiment important, c’est l’ouverture au dialogue. S’asseoir et discuter avec des personnes qu’on n’aime pas ou avec lesquelles on est en désaccord, ce n’est pas toujours plaisant, pas toujours facile, pas toujours utile, même. Mais en ce qui me concerne, j’ai vécu des expériences extraordinaires à simplement m’asseoir et discuter. 

Que ce soit dans une unité à sécurité maximale, dans un village profondément conservateur ou ailleurs, s’asseoir et discuter avec une personne pour se trouver des points communs. Un exemple typiquement canadien : demander à la personne si elle a regardé le match de hockey hier soir. Lancer la conversation de cette façon, puis trouver des terrains d’entente à partir desquels on peut parler et faire avancer le dialogue. Sortir de sa zone de confort, ce n’est pas facile, mais c’est très gratifiant, de toutes sortes de manières. J’adore cette idée, en fait. Parce que parfois, quand on est trop bien, trop à l’aise, on ne progresse plus. Ce n’est pas nécessairement sain. 

Valerie Pringle : 

Comment on dit cela? Grandir, c’est la seule chose qui prouve qu’on est vie? 

William Schultz : 

Dans ce cas, je crois que je suis très vivant. 

Valerie Pringle : 

Autrement, on meurt. Laxmi, qu’est-ce qui résonne pour vous dans ces mots? Qu’est-ce que vous en pensez? 

Laxmi Parthasarathy : 

D’abord, Veronica, tu disais que toi, tu fermes les yeux et tu sautes, n’est-ce pas? J’adore ça. Je repense aux expériences que j’ai vécues, ce que vous appelez des échecs, des coups durs ou des situations où on se sent vraiment mal à l’aise. Je crois que mon ressenti après ces deux expériences prenait racine dans ma peur de l’échec, dans la crainte que mon plan ne fonctionne pas comme prévu. Mais c’est ça la vie, on l’a tous appris. 

Donc, fermer les yeux et sauter sont des mots qui me parlent. Mais qu’est-ce qu’on fait ensuite? J’aurais un ou deux conseils à cet effet, des conseils qui m’ont beaucoup aidée dans toutes sortes de contextes. Premièrement, l’autodéfinition. Comprendre qui on est, ses convictions, ses valeurs, ses limites, c’est tellement important en cette période d’incertitude, dans ces situations, ces lieux, ces conversations où l’on ne se sent pas bien. Au bout du compte, il faut se définir avant que les autres nous définissent dans ces zones d’inconfort. 

Bien me connaître, être capable d’autodéfinition, c’est une approche qui m’a toujours bien servie. Deuxièmement, un peu comme on disait avec Will, je pense que c’est vraiment important d’avoir un.e mentor.e, une personne de confiance qui peut nous donner son avis, à qui on peut confier ses malaises, avec qui on peut discuter stratégies ou trouver des solutions. Parfois, on peut être tellement prise dans ses pensées, dans son dialogue intérieur, qu’on oublie d’aller vers l’autre, de verbaliser son malaise, de se confier à une personne qui nous connaît et en qui on a confiance. Quelqu’un qui nous aide à voir la situation telle qu’elle est réellement. 

Valerie Pringle : 

C’est tellement intéressant, l’idée d’un.e mentor.e. Très important, aussi. Will ou Veronica, est-ce que cette idée vous parle? Connaissez-vous des personnes à qui vous pouvez parler? Je comprends tout à fait, je me suis déjà tournée vers des gens dans ma vie. Je crois que ce conseil est très précieux. 

Veronica Øverlid : 

Ces mots résonnent vraiment à mes oreilles. C’est quelque chose que je fais aussi. Quand je m’engage dans un projet, quand je me lance, j’ai deux approches. La première est exactement ce qu’on a dit : je cherche conseil auprès d’une personne avisée. Comme le disait Laxmi, il peut s’agir d’une personne qui me connaît, qui connaît ou comprend mes peurs et qui peut m’aider à les surmonter. 

Une personne qui est passée par où on passe peut apaiser nos tourments, nous faire réaliser que tout ne va pas si mal après tout. Il faut seulement bien se préparer, bien comprendre dans quoi on s’embarque. Et ensuite, ça va. La deuxième approche, c’est de voir ces expériences comme des occasions d’apprentissage, un peu comme vous disiez, Valerie. Quel est le pire qui puisse arriver? 

Est-ce si grave d’échouer? Probablement pas. C’est très difficile à accepter, c’est une bataille de tous les jours, mais c’est la seule façon d’apprendre, je suppose. Alors, oui. Avoir un bon réseau, des gens sur qui compter. Et pas seulement pour demander conseil, mais aussi pour brasser des idées. Ou quelqu’un à qui on peut avouer sa peur. C’est une approche qui fonctionne bien pour moi. 

Laxmi Parthasarathy : 

Veronica, je me rappelle, tu m’avais contactée il y a plusieurs mois avant de postuler au programme de la Fondation. Tu m’as demandé de t’en dire un peu plus sur le programme. Je me demandais… Est-ce que le projet te faisait peur? Tu as dit que tu devais constamment te répéter : « Ferme les yeux et saute! » Je me demandais… As-tu adopté cette approche concernant le programme? 

Veronica Øverlid : 

C’est fou, on dirait que ça fait une éternité. Clairement, j’étais hors de ma zone de confort. Je n’aime pas déranger les gens, prendre de leur temps. C’était particulièrement vrai avec toi, parce que tu es si extraordinaire, tu as accompli tant de choses. C’était donc une décision très difficile à prendre. D’un autre côté, d’ancien.ne.s boursier.e.s m’avaient dit combien c’était important de tendre la main. 

Et pour l’avoir vécu, je savais que c’est la bonne façon de comprendre le fonctionnement des choses et de bâtir un réseau. Alors, je me suis dit, pourquoi pas? Dans le pire des cas, tu ne regarderas pas mon courriel, tu ne trouveras pas de temps pour une personne comme moi, et ce sera bien correct. J’ai eu un petit pincement, mais je me suis dit : « Vas-y! Prends le temps d’écrire un beau courriel, en toute humilité ». Le plus difficile, c’était de cliquer sur le fameux bouton « Envoyer ». Mais je l’ai fait et j’en suis très heureuse. Un an plus tard, tu t’en souviens encore, ce qui me remplit de gratitude. Cette expérience montre à quel point oser fait la différence, même si on n’obtient pas le résultat escompté à chaque fois. 

Par exemple, disons que tu n’as pas répondu à mon courriel, peut-être par manque de temps ou parce que tu ne l’as pas vu. Je ne connais pas la raison, mais si je continue à oser, à sortir de ma zone de confort, j’obtiendrai des résultats tôt ou tard, sinon chaque fois. J’essaie de le faire le plus possible, même si je dois me faire violence. 

Laxmi Parthasarathy : 

Je me disais justement… Le succès ne se construit pas du jour au lendemain. Je suis certaine que chaque membre de la communauté de la Fondation a une histoire d’échec à raconter, une histoire où il a fallu travailler encore et encore pour redessiner le chemin. Parce que le chemin de la réussite n’est pas nécessairement une belle ligne droite. Tout au long du parcours, il y a des embûches, des peurs à surmonter. 

Mais ce que les gens voient, c’est la biographie qu’on publie, l’entrevue qu’on donne. Heureusement, il y a ce balado qui parle de nos peurs. Vraiment, j’adore cette conversation. 

Valerie Pringle : 

Je voudrais rebondir sur ce que vous avez dit, Veronica, sur votre refus ou votre crainte de déranger les gens. C’est très intéressant, car c’est universel. Que ce soit pour obtenir des conseils ou des renseignements. Dans mon cas, la moitié du temps, c’est pour recueillir des fonds. Il faut apprendre à oser dans ces situations. Il faut essayer. Quel est le pire qui puisse arriver? On aura un « non » pour réponse ou pas de réponse du tout. Mais on aura appris quelque chose. Qui ne risque rien n’a rien. D’ailleurs, la plupart des gens sont heureux de partager leurs connaissances, leurs expériences. La meilleure chose à faire, donc, c’est tendre la main. En conclusion, y a-t-il un point que les gens devraient retenir pour se préparer à faire face à des situations d’inconfort? 

William Schultz : 

On a dit tellement de choses intéressantes. C’est difficile de tout résumer en un seul point. Mais de tout ce que j’ai entendu, il y a quelque chose qui est revenu. Laxmi et Veronica, j’espère que vous serez d’accord, corrigez-moi si je me trompe. Avant de sortir de sa zone de confort, mieux vaut avoir préparé le terrain. J’entends par là avoir l’appui des gens de son entourage et comme Laxmi le disait, bien connaître ses valeurs, avoir confiance en soi, en ses convictions, en ses croyances. Quand tout est en place, c’est beaucoup plus facile de fermer les yeux et de sauter, comme disait Veronica. Est-ce que je résume bien? 

Valerie Pringle : 

Qu’en pensez-vous, Veronica? 

Veronica Øverlid : 

Je suis plutôt d’accord. Surtout la partie sur l’importance de croire en ses valeurs et d’être soi-même. C’est le plus important, je crois. J’aimerais aussi rappeler un point que vous avez tous les deux soulevé : accepter l’échec ou l’inconfort. 

William Schultz : 

Bon point. 

Veronica Øverlid : 

C’est le point à retenir selon moi, celui-là et celui de Will. 

Valerie Pringle : 

Laxmi? 

Laxmi Parthasarathy : 

Je pense que Will et Veronica l’ont bien résumé. Définir qui on est, trouver des personnes de confiance pour nous éclairer, faire de son mieux pour surmonter ses peurs. Retenir aussi que le travail acharné, avec quelques échecs au passage, ne peut se traduire que par du positif. 

Valerie Pringle : 

On ne pourrait trouver meilleur mot de la fin. Merci beaucoup d’avoir participé à cette édition d’Espaces de courage. C’est tout nouveau. Même moi, je suis sortie de ma zone de confort! Alors, merci de votre écoute. Dans le prochain épisode, nous allons parler des risques calculés et de l’échec. Nous en avons parlé un peu aujourd’hui, mais nous allons approfondir le sujet : comment peut-on apprendre et grandir? Pour cet épisode, nous recevrons Laya Behbahani et Allison Furniss, boursières 2020 de la Fondation Pierre Elliott Trudeau, et Janice McDonald, mentore 2020. 

Voilà qui conclut cet épisode d’Espaces de courage de La Fondation Pierre Elliott Trudeau. J’espère que les récits de nos invité.e.s, nos réflexions et notre conversation ont trouvé un écho chez vous. Pour découvrir d’autres membres inspirant.e.s de notre communauté, suivez-nous sur Twitter, Facebook et LinkedIn. Et bien entendu, abonnez-vous à notre balado pour ne pas manquer le prochain épisode. J’espère que ce balado vous a inspiré le courage.  

Ici Valerie Pringle. À la prochaine! 

 

Date
Edward Johnson Dyane Adam

Nomination d'Edward Johnson et de Dyane Adam à titre de nouveau président et de nouvelle vice-présidente du conseil d’administration de la Fondation

La Fondation Pierre Elliott Trudeau est fière d'annoncer les nominations d'Edward Johnson à titre de président du conseil d'administration et de Dyane Adam à titre de vice-présidente du conseil.

Communauté

Une communauté pour un changement positif Fondation Pierre Elliott Trudeau boursiers
IWD 2021

Journée internationale des femmes 2021

À l'occasion de la Journée internationale des femmes, la Fondation Pierre Elliott Trudeau rend hommage à la détermination et au courage exemplaires des femmes de notre communauté qui travaillent à faire progresser l’égalité dans la société canadienne et le monde entier.
Top 36

Le premier pas vers un leadership engagé

The Pierre Elliott Trudeau Foundation is thrilled to announce that 36 outstanding doctoral candidates have been selected as finalists for our 2021 Scholarship and engaged leadership program. More than 600 remarkable PhD researchers from across Canada and around the world came forward to apply for our unique program that offers not only generous research funding, but a unique journey toward becoming an engaged leader with impact.
Mary-Jean Mitchell Green

La Fondation annonce sa première bourse d’études commémorative

Dans le cadre de son programme de bourses 2021, la Fondation Pierre Elliott Trudeau est fière d’annoncer le lancement de la bourse Mary-Jean Mitchell Green | Fondation Pierre Elliott Trudeau. Grâce à la générosité d'Alexander et Andrew Green, une personne supplémentaire s’ajoutera à la cohorte de boursier.e.s de cette année. Elle sera choisie en fonction des critères de sélection de la Fondation et son nom sera annoncé au printemps en même temps que ceux de la cohorte 2021.