Christopher Cox
Profil
Ces dernières années, réagir à la fragilisation de certaines langues est à la fois devenu plus important et plus urgent. On a en effet atteint au cours de ce siècle des taux sans précédent d’extinction des langues dans le monde, tout en reconnaissant de plus en plus ce qu’il en coûte à l’humanité. À la fois berceau et point culminant de la culture, produit cumulatif de générations de pensée traditionnelle et créatrice, les langues sont parmi les accomplissements majeurs des sociétés, en même temps particulièrement humaines et profondément fragiles dans leur transmission au fil des générations. Leur perte menace donc de façon incommensurable notre diversité humaine collective.
Cette menace pour la diversité linguistique a marqué le travail de recherche de Christopher Cox à l’Université de l’Alberta où il tentait de se servir de son bagage en informatique et en linguistique pour procéder à une documentation de langue en construisant un corpus en collaboration avec la communauté. La création de corpus permanents - d’enregistrements digitaux de pratiques linguistiques en voie d’extinction - a pour but d’établir un terrain commun permettant la collaboration entre les universitaires et les communautés de locuteurs. Il s’agit également de populariser ces enregistrements pour les utiliser à la fois dans les programmes linguistiques de la communauté et pour la recherche en linguistique. C’est tacitement une façon de militer pour une langue, d’affirmer la valeur fondamentale de celle qui a été ainsi documentée et donc de donner aux communautés qui la parlent la possibilité de revendiquer le respect de leur héritage linguistique.
Christopher Cox travaille actuellement à construire un corpus de ce genre pour le Plautdietsch, la langue traditionnelle des Mennonites russes. Son expérience de l’apprentissage du Plautdietsch dans les communautés mennonites du centre de la Saskatchewan depuis 12 ans lui a facilité le travail d’archives et lui a assuré la collaboration des chercheurs et des communautés parlant le Plautdietsch sur trois continents. Elle lui a également permis d’entretenir, depuis sa fondation en 1998, le site Plautdietsch-L, premier forum de discussion sur Internet consacré à cette langue. Il a également pu adapter et développer des outils informatiques destinés à construire collectivement des corpus, et plus récemment, participer à la documentation du Tsuut'ina, une langue Athapaskan (une langue autochtone) très menacée du sud de l’Alberta.