Infolettre des ancien.ne.s : réflexions des corédactrices

 

Infolettre des ancien.ne.s

 

« C’était le printemps de l’espoir, c’était l’hiver du désespoir »


Charles Dickens, Le conte de deux cités

 

 

Séparées par un océan, mais unies par la technologie, nous avons l’immense honneur d’inaugurer l’infolettre des ancien.ne.s de la Fondation Pierre Elliott Trudeau. C’est avec enthousiasme que nous avons accepté la responsabilité qui nous a été confiée lorsque la présidente de la Fondation, Pascale Fournier, nous a proposé ce formidable projet.


Cette demande ne pouvait pas être plus opportune, puisque la pandémie de la COVID-19 nous contraint à repenser radicalement notre manière de communiquer, d’exprimer de l’empathie, ainsi que notre place dans la communauté. Par quels moyens la communauté de la Fondation Pierre Elliott Trudeau, qui s’agrandit de jour en jour, peut-elle garder son dynamisme et maintenir les contacts en défiant le temps et l’espace? Par quels moyens les membres de la Fondation peuvent-ils continuer à s’engager collectivement dans l’élaboration de lendemains meilleurs, à partir de leur connaissance critique et inclusive du présent et du passé? D’emblée, au moment où nous écrivons ces lignes depuis le confort de nos foyers respectifs en Norvège et au Canada, nous reconnaissons la position privilégiée qui est la nôtre et qui nous permet de nous engager dans ce projet au titre de corédactrices de cette nouvelle infolettre, en tant que professeures d’université, bénéficiant de services publics fondamentaux et des technologies nécessaires pour communiquer durant le confinement.


 La crise de la COVID-19 a rendu les injustices encore plus flagrantes, tout en exacerbant les profondes inégalités structurelles héritées du colonialisme, du racisme, du capacitisme et des inégalités entre les classes. Ce sont tous ces éléments que l’on retrouve dans Inclinations, le court-métrage de Danielle qui met en lumière l’intensification de la précarité raciale chez les populations marginalisées, tout en rendant hommage à « la joie et l’irrévérence des éclopé.e.s ». Dans le même ordre d’idées, dans son œuvre intitulée Le don de l’histoire, Rita inscrit le parcours de personnes noires au cœur de sa démarche révélant les contours du racisme et de l’injustice à travers les générations et les époques. C’est à travers cette matrice de temporalité passée, présente et future, suscitée par la COVID-19, que nous vous invitons à la réflexion dans cette infolettre. De toute évidence, le potentiel transformateur et subversif de cette crise est à l’origine de bon nombre des réflexions qui vous sont présentées ici. Pour reprendre les termes de Margarida : « Quel avenir serait possible si nous ré-imaginions le vivre ensemble et construisions notre présent, non pas en fonction de nos menaces globales, mais en fonction de nos aspirations communes pour un monde qui valorise la vie, le bonheur et l’inclusion? »



Au lieu de nous leurrer en prônant le « retour à la normale » avec son lot d’exclusions sociales, de domination coloniale et de destruction écologique, imaginons plutôt un monde post-COVID qui soit « plus durable et plus équitable », pour faire écho aux propos de Danielle. Nous vous invitons à réfléchir à ces questions lorsque vous plongerez dans l’œuvre de Lisa, A Gaze I Return, une intervention poétique envisageant d’autres manières de voir et de contempler le monde; une image qui nous incite à ralentir et à aborder cette rencontre avec un visage qui ne nous ressemble pas. Fidèle à la pensée lévinienne, le philosophe Achille Mbembe nous appelle à accorder aux autres, ceux qui ne nous ressemblent pas, l’humanité que nous exigeons pour nous-mêmes. C’est cet impératif éthique qui doit être au cœur de notre manière de repenser la collectivité, le relationnel et la compassion dans nos vies post-COVID-19. Pour revenir aux paroles de Dickens que nous avons choisies pour notre épigraphe, les voix qui composent cette infolettre expriment, chacune à leur manière, la nature paradoxale du moment historique que nous traversons, où sentiments de peur et de désespoir coexistent avec promesses d’espoir et de transformation. Pour reprendre les termes de Robert et de Marie-France, c’est « l’esprit de collaboration » et l’engagement collectif des étudiant.e.s, des professeur.e.s et de l’administration face aux difficultés actuelles qui nous montrent à quel point des institutions telles que l’université pourraient aussi devenir des lieux où le pouvoir et le savoir sont redistribués pour le bien commun.


Libe et Sophie

 

Lire l’infolettre intégrale ici

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Libe García Zarranz

  • Boursier.e 2010
  • Ancien.ne
Professeure titulaire en théorie culturelle et littérature en anglais à l'Université norvégienne des sciences et technologies (NTNU) en Norvège.
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Sophie Thériault

  • Boursier.e 2003
  • Ancien.ne
Professeure titulaire et vice-doyenne aux études à la Faculté de droit (Section droit civil) de l’Université d’Ottawa Membre du Comité exécutif…