Entrevue avec Bettina B. Cenerelli, nouvelle présidente et directrice générale par intérim de la Fondation
Le 1er mai dernier, la Fondation accueillait sa nouvelle présidente et directrice générale par intérim, Mme Bettina B. Cenerelli. Voici une brève entrevue faisant un survol de ses motivations et des éléments de son parcours qui l’ont préparée à ces nouveaux défis.
Parlez-nous un peu de votre parcours et comment celui-ci a contribué à vous préparer pour ce poste?
À l’image du cheminement de plusieurs de nos boursiers, le mien est aussi un peu inhabituel : immigrante de première génération, j’ai terminé des études de 3e cycle (Dr phil.) et un postdoctorat en Europe, étudiant notamment à Berlin, Paris et Siegen. Je cumule des expériences professionnelles en édition (en Suisse et au Québec), en enseignement universitaire dans trois provinces canadiennes et à titre d’administratrice dans diverses universités depuis plus d’une décennie. Mon poste le plus récent était à la Faculté des lettres et sciences sociales de l’Université Simon Fraser en Colombie-Britannique à titre de directrice sénior au bureau de la doyenne.
Ce parcours diversifié m’a permis de bien saisir la réalité des étudiants de 3e cycle d’ici et d’ailleurs et de comprendre leur cheminement. J’ai aussi eu l’occasion d’être une boursière moi-même avec des organisations dont la mission est similaire à celle de la Fondation, telle que la Studienstiftung (Studienstiftung des deutschen Volkes), fondation allemande qui soutient les étudiants, favorise les échanges et apporte une contribution extraordinaire au développement des jeunes chercheurs les plus brillants.
Vous avez œuvré à la Fondation entre 2004-2011, notamment comme directrice de programme. Quelles sont les motivations personnelles qui ont fait en sorte que vous décidiez de revenir à la Fondation pour y relever le défi de la présidence ?
Ma principale motivation vient de ma profonde conviction de l’importance des organisations indépendantes et apolitiques comme la Fondation dans leur rôle de soutien à la recherche en sciences sociales et humaines. La Fondation est un catalyseur pour de jeunes chercheurs engagés qui s’intéressent à des problématiques complexes et qui souhaitent les aborder au moyen d’approches multidisciplinaires. Il se trouve que cette interdisciplinarité, même si elle apporte une perspective plus large, est parfois plus difficile à faire reconnaître par les organismes subventionnaires traditionnels.
Je suis persuadée que de permettre à nos boursières et boursiers d’élargir leurs réseaux leur permettra d’élargir également la vision qu’ils et elles ont de leur propre champ de recherche. Nous devons donc multiplier les occasions de rencontres avec les fellows et les mentors, les membres d’autres cohortes ou des décideurs politiques, académiques, artistiques et des milieux d’affaires. Mon historique personnel, tant à la Fondation que dans les milieux universitaires, m’a convaincue que nous contribuons ainsi réellement au développement individuel de ces jeunes chercheurs brillants, mais surtout que ceux-ci contribuent en retour de manière exceptionnelle à notre société.
Comment abordez-vous ce mandat ?
Les mots qui me viennent en tête sont humilité, transparence et impact.
Je vois mon rôle essentiellement comme celui d’une facilitatrice. J’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur un conseil d’administration renouvelé et engagé, une équipe compétente, un réseau universitaire qui reconnaît l’apport de la Fondation – nous avons reçu, cette année encore, près de 500 demandes de bourses ! - et une communauté mobilisée qui nous soutient dès que l’occasion se présente. Mon rôle est simplement de veiller à ce que tous ces gens qui veulent le bien de la Fondation travaillent ensemble, de façon respectueuse et critique, afin de poser les questions que nul autre n’ose poser.
Nous devons aussi reconnaître que nous sommes privilégiés, la Fondation ayant été dotée d’un important fonds par la Chambre des communes, lors de sa création en 2001. Cette preuve de confiance collective des Canadiennes et Canadiens vient évidemment avec de lourdes responsabilités, notamment l’obligation de veiller à ce que les sommes qui nous sont confiées soient dépensées à bon escient et que s’appliquent les plus hauts standards en matière de transparence. Loin de fuir le débat public, la Fondation doit, je pense, s’ouvrir davantage et promouvoir des échanges entre les chercheurs, le public, les universités, les institutions de recherche et la société en général. Il n’est pas question d’encourager des chercheurs à rester dans leur tour d’ivoire ou à s’entourer uniquement de leurs pairs : je crois profondément au rôle et à la responsabilité de l’intellectuel dans la sphère publique et de l’importance de la sphère publique pour l’intellectuel.
Enfin, je crois qu’il est temps de rediriger les projecteurs vers celles et ceux qui sont la véritable raison d’être de la Fondation : les membres de notre communauté. L’un de mes objectifs sera de mettre davantage en lumière la contribution exceptionnelle de tous nos membres, fellows, mentors ainsi que de nos boursières et boursiers à la société, par leur recherche bien sûr, mais aussi par leur mobilisation et leur engagement personnel.
Quels sont les principaux défis auxquels vous pensez être confrontée dans votre nouveau rôle et comment avez-vous l’intention de les aborder ?
Le principal défi – qui est aussi un privilège - est sans aucun doute la refonte de la planification stratégique de la Fondation. Toujours dans un souci de transparence et de saine gouvernance, nous avons la responsabilité de réévaluer régulièrement nos programmes et de veiller à ce qu’ils répondent efficacement aux besoins de la communauté de recherche, mais aussi à la mission qui nous a été confiée. La planification stratégique est l’occasion d’améliorer ce qui peut l’être. Ce sera une opportunité d’évaluer notre programmation de leadership incluant ses instituts, notre programme d’événements publics, la collaboration entre nos membres pour ne mentionner que quelques aspects.
Finalement, je compte porter une attention particulière à ma nouvelle équipe, le personnel de la Fondation : leur permettre de bien effectuer leur travail et souligner leur apport au fonctionnement quotidien de la Fondation est important pour moi.
Et si on vous laissait le mot de la fin pour vous adresser à la communauté de la Fondation…
Je suis à la fois très honorée de pouvoir apporter ma contribution et excitée de revenir servir une communauté exceptionnelle, composée d’individus brillants aux perspectives et horizons divers. Je me réjouis de travailler avec l’ensemble des membres afin de continuer à démontrer l’importance du rôle de la Fondation, mais surtout de sa communauté, dans le secteur de la recherche et de l’engagement public au Canada.
Propos recueillis par l’équipe des communications de la Fondation.