Tammara Soma: Pour en finir avec le gaspillage

Dans le cadre du Mois de l’histoire des femmes, la Fondation Pierre Elliott Trudeau vous présente des portraits de femmes de sa communauté qui ont eu un impact considérable dans leur domaine.

 

Pour en finir avec le gaspillage

Le gaspillage et la sécurité alimentaire ont toujours été au centre de la vie de Tammara Soma. Ses projets inspirants ont permis de développer des solutions novatrices pour changer les systèmes agroalimentaires au Canada et en Indonésie.

Tammara Soma a grandi sur l’île de Java, en Indonésie. Pendant son enfance, il était inconcevable de gaspiller de la nourriture; ses parents le lui reprochaient fermement, se souvient-elle dans une entrevue accordée au Globe and Mail en 2018. « Le riz est en train de pleurer », lui disaient ses parents, en référence à une fable populaire locale. Ces mots sont restés gravés dans sa mémoire, et son intérêt pour le gaspillage alimentaire a été en partie renforcé lorsqu’elle est arrivée au Canada pour ses études universitaires. « En venant au Canada, je me disais que cela n’avait aucun sens de voir autant d’insécurité alimentaire dans un pays aussi prospère et disposant d’une telle abondance de nourriture », dit-elle au sujet des pratiques de gaspillage alimentaire au Canada.

Poursuivant ses études de doctorat en planification urbaine à l’Université de Toronto dès 2014, sa thèse se penche sur la question du gaspillage alimentaire urbain en Indonésie. La même année, elle devient boursière de la Fondation Pierre Elliott Trudeau. Tammara Soma est devenue une experte en planification des systèmes agroalimentaires, basant son approche de manière à prioriser l’alimentation dans la planification urbaine, pour s’assurer que certaines questions telles que la sécurité alimentaire soient prises en compte dans la prise de décisions. Grâce à son travail, elle a reçu de nombreux prix, tels que la bourse Joseph Armand Bombardier du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) et la bourse David Chu pour les études sur l’Asie et le Pacifique.

 

« La nourriture est essentielle à la survie, et pourtant, dans un monde où il y a de la nourriture en abondance disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 [...], près de 1 milliard de personnes manquent encore de nourriture »

— a expliqué Tammara Soma, dans une interview du Globe and Mail en 2018.

 

Durant son séjour à l’Université de Toronto, elle a cofondé Food Systems Lab, un laboratoire qui explore des systèmes agroalimentaires plus équitables et moins gaspilleurs. En travaillant au Social Innovation Hub, elle a été en mesure de réunir des groupes d’horizons très différents. Son leadership a permis à des expérimentations et à des solutions novatrices de voir le jour.

« Dans le laboratoire qu’elle a créé, nous pouvons planifier et résoudre des problèmes au lieu de nous lancer des flèches les uns contre les autres », rapporte Glen Murray, ministre de l’Environnement de l’Ontario de 2014 à 2017.

Le doctorat de Soma s’est achevé en 2018. Combattant l’idée selon laquelle les habitants des pays en développement sont trop pauvres pour gaspiller la nourriture, elle a formulé plusieurs recommandations pour aider à résoudre ce problème durant son implication avec le Social Innovation Lab. « C’est enraciné en moi », dit-elle. « Cette idée de respecter la nourriture, de la valoriser, ce riz qui pleure, ça fait partie de mon identité. »